Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, troisième partie.djvu/330

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tout syllogisme est virtuellement un sorite, dont le plus souvent on a masqué mal-adroitement la forme, ce qui a le double inconvénient de faire méconnaître le principe de sa justesse, et de le borner nécessairement à trois termes, tandis qu’il serait souvent avantageux de lui en donner un plus grand nombre, afin d’y faire entrer plusieurs termes moyens au lieu d’un. D’ailleurs si l’on convient que la justesse de tout jugement consiste à ce que le sujet renferme l’attribut, et la justesse de tout raisonnement, à ce que le premier sujet renferme le dernier attribut, il faut bien convenir que tout raisonnement juste revient à un sorite ; car le sorite est précisément une suite de jugemens, dont l’attribut devient le sujet du jugement subséquent, de sorte que le dernier attribut peut devenir l’attribut du premier sujet : c’est dire la même chose de deux façons différentes. Je crois donc avoir encore répondu d’une manière satisfaisante aux deux demandes ci-dessus mentionnées. Il ne me reste plus qu’à examiner une dernière question. Des hommes d’un excellent esprit ont saisi avidement la belle idée de Hobbès que calculer c’est raisonner. Ils ont surtout été charmés des beaux développemens que Condillac a donné