Aller au contenu

Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, troisième partie.djvu/359

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

chose ; et la science qui aspire à diriger cet art, et qui veut et doit présider à toutes les autres sciences et les précéder, ne peut pas être autre chose. Ainsi je me suis vu conduit forcément à examiner nos opérations intellectuelles, leurs propriétés, leurs conséquences. En effet, on ne saurait trop le redire, chacun de nous, et même tout être animé quelconque, est pour lui-même le centre de tout. Il ne perçoit par un sentiment direct et une conscience intime, que ce qui affecte et émeut sa sensibilité. Il ne conçoit et ne connaît son existence que par ce qu’il sent, et celle des autres êtres que par ce qu’ils lui font sentir. Il n’y a de réel pour lui que ses perceptions, ses affections, ses idées ; et tout ce qu’il peut jamais savoir, n’est toujours que des conséquences et des combinaisons de ses premières perceptions ou idées. Lors donc que l’on cherche le principe de toute connaissance, et que l’on ne perd point de vue son objet, on est invinciblement ramené à l’examen de nos facultés intellectuelles, de leurs premiers actes, de leur puissance, de leur étendue, et de leurs limites. Cette vérité commence heureusement à être très connue, et la manière dont je décris le