mécanisme de leur expression, quelle qu’en fût la forme, l’examen de la génération des signes jetait un nouveau jour sur celle des idées. Par ce moyen, j’ai reconnu clairement d’une part, que nous ne faisons jamais que sentir et juger, c’est-à-dire recevoir des impressions, et y remarquer des circonstances, ou en d’autres termes, sentir une idée, et sentir une autre idée existante dans celle-là ; de l’autre part, que nous n’exprimons jamais que des impressions isolées, ou des jugemens, c’est-à-dire, que le langage ne peut jamais être composé que de noms d’idées détachées les unes des autres, ou d’énoncés de jugemens ; et même que toutes nos connaissances ne consistant que dans nos jugemens, le discours est sans intérêt et sans résultat, quand il n’exprime pas un jugement quelconque ; qu’ainsi, dans tous les langages possibles, le discours est essentiellement composé d’énoncés de jugemens, ou de propositions. Voilà le premier degré de sa décomposition. J’ai vu ensuite que comme notre sensibilité, notre esprit saisit d’abord les masses avant d’en démêler les détails, comme il porte souvent des jugemens avant d’en distinguer tous les élémens ;
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