que la science appelée morale serait l’étude détaillée de nos desirs, en tant que constituant tous nos besoins, celle nommée économie, consisterait dans l’examen circonstancié des effets et des conséquences de nos actions considérées comme moyens de pourvoir à nos besoins de tous genres, depuis les plus matériels jusqu’aux plus intellectuels. Si ces deux cadres étaient bien remplis, alors et alors seulement, nous aurions un tableau complet des effets de notre faculté de vouloir, puisque d’elle seule dérivent également tous nos besoins et tous nos moyens. Mais de ces deux sciences ainsi conçues, il en naît nécessairement une troisième. De même que de la connaissance de la formation de nos idées, et de celle de leurs signes, sort naturellement celle de la manière de les combiner, qui conduit l’être pensant à la vérité ; de même aussi de la connaissance raisonnée de nos penchans et de nos actions, résulte directement la science de les diriger de manière à produire le bonheur de l’être voulant ; car le bonheur est le but de la volonté, comme la vérité celui du jugement. Cette dernière science serait-elle donc si neuve qu’il n’existât point de nom qui lui fût
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