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Page:Detertoc - L'amour ne meurt pas, 1930.djvu/6

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et disparaissaient. Je ne puis entrer encore et gagner ma chambre ; la nuit est si belle ; son silence est si doux après le tapage et le brouhaha du jour à Old Orchard ; la brise est si fraîche et si réconfortante après la chaleur qui nous a accablés depuis le matin. Puis j’aime tant naturellement la solitude ! que je veux jouir encore pendant une heure du silence, de la brise et de la solitude. Je donne libre cours à mon imagination. Mais presque toujours ma pensée se retrace l’image du petit vieillard et de la jeune fille qu’il paraît tant aimer. Il me semble qu’il y a un mystère dans la vie de ces deux êtres, ou que quelque grand malheur dans leur passé, au moins dans celui du vieillard, les unit d’une manière plus étroite. Dans le sourire même de la jeune fille il paraît y avoir quelque tristesse ; la vieillesse de l’homme paraît prématurée ou produite plutôt par une cause morale que par l’épuisement physique. Un double sentiment de pitié et de sympathie pour l’homme et d’admiration pour la beauté de la jeune fille excite l’ardeur de ma curiosité et raffermit ma résolution de pénétrer les secrets intimes de ces deux vies.

Un matin, quelques jours plus tard, je revenais sur la plage de ma promenade que j’avais prolongée plus que d’habitude. La mer, bouleversée par une forte tempête durant la nuit, avait rejeté sur les sables une variété infinie de débris. Je m’étais amusé à en examiner un bon nombre avec une attention toute particulière. Un moment je me penchai et je ramassai sur un bout de planche un petit poulpe que je considérais minutieusement tout en marchant. Je pensais à toutes