Page:Deulin - Les Contes de ma mère l'Oye avant Perrault.djvu/107

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Dans l’édition de 1781, près d’un siècle après la publication de Peau d’Ane, apparut pour la première fois la version en prose. L’auteur de cette paraphrase assez plate se permet d’ajouter au texte des enjolivements d’un goût douteux ; mais il a compris qu’il fallait développer ce passage et il a très-bien indiqué qu’en prenant un détour le prince a pour but de faire accepter plus facilement son étrange fiancée.

« Je n’ai point dessein, dit-il à ses parents, de faire une alliance qui vous déplaise ; et pour preuve de cette vérité, c’est que j’épouserai celle à qui cette bague ira, quelle qu’elle soit ; et il n’y a pas apparence que celle qui aura ce joli doigt sera une rustaude ou une paysanne. »

Plus loin il a beaucoup mieux ménagé le grand effet de la métamorphose finale. Chez Perrault l’essai de la bague se fait devant le prince, puis on veut mener la jeune fille au roi. Elle demande qu’on lui donne le temps de changer de toilette et elle entre au palais, pompeusement parée. La scène est divisée en deux parties dont la première n’est guère qu’indiquée.

Dans la version en prose, l’infante, qui a entendu le bruit des tambours et le cri des hérauts d’armes, se doute de quelque chose : elle « se coiffe plus soigneusement et met son beau corps d’argent avec le jupon plein de falbalas, de dentelles d’argent, semé d’émeraudes. » Aussitôt qu’on heurte à