siècle au détriment de l’antiquité. Cette sortie déplut à Boileau qui se leva furieux, éclata en reproches et, depuis lors, se répandit en épigrammes contre le détracteur des anciens.
Perrault, pour défendre son opinion, écrivit le Parallèle des anciens et des modernes ; Boileau riposta par sa traduction de Longin, et toute la littérature se partagea en deux camps. Quoiqu’il eût affaire à un rude adversaire, Perrault se tira de la querelle à son honneur. Il sut garder son sang-froid et resta dans les bornes de la politesse, tandis que Boileau perdit la mesure et se montra presque grossier.
Ce « trouble poétique » aurait suffi à l’ambition de bien des gens ; mais, plus avide de gloire que de bruit, l’auteur du Parallèle visait plus haut : il voulait être immortel. Pour y parvenir, il choisit d’instinct la forme littéraire qui répond le plus exactement au génie français et qui résiste le mieux au temps, « Il y a, dit un écrivain allemand, quelque chose de si vivace dans une anecdote fortement conçue, qu’elle est douée, pour ainsi dire, d’immortalité, et cette immortalité des infiniment petits en littérature mérite d’arrêter l’attention. »
Perrault avait pris pour modèle un de ses amis, son aîné de sept ans, pour qui il ne cachait pas sa profonde admiration. Ce modèle, ou plutôt cet idéal, n’était autre que La Fontaine : on sait que