Page:Deulin - Les Contes de ma mère l'Oye avant Perrault.djvu/288

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qui était insignifiant, et conservant seulement ce qui la frappait, ce qui éveillait à un titre quelconque l’attention de ces auditoires, dont le goût n’est pas bien épuré, il est vrai, mais aussi qui n’ont pas de complaisance. Elle a fait plus encore : elle a corrigé, poli, perfectionné ce qui était bon, jusqu’à ce qu’elle l’ait fait parvenir à un état aussi précis et aussi formulé que possible. »

Grimm constate que Cendrillon est citée dans un poëme allemand du xvie siècle, Frosch Maüseler, par Rollenhagen. Inutile d’ajouter que la légende remonte beaucoup plus haut.

La version italienne doit être aussi fort ancienne, car elle débute par un crime qui révèle une époque barbare où la notion du bien et du mal n’était pas nettement établie. Cendrillon casse le cou de sa belle-mère avec le couvercle d’un coffre.

Ce détail n’est pas purement italien. Il se rencontre dans le Genévrier des frères Grimm et on le retrouve chez Grégoire de Tours, l’Hérodote mérovingien, qui vivait au vie siècle.

« Frédégonde dit un jour à sa fille Rigonthe : « Pourquoi me tourmenter ? Voilà les biens de ton père, prends-les et fais-en ce que tu voudras. » Puis, l’emmenant dans la chambre où elle renfermait ses trésors, elle ouvrit un coffre rempli d’objets précieux. Après en avoir tiré un grand nombre de bijoux qu’elle donnait à sa fille : « Je suis fatiguée,