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Page:Devaux - L'Art de faire les Raports en Chirurgie, 1743.pdf/338

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L’Art de faire les Raports

vres, les urines troubles, confuſes, ſubtiles, ou groſſieres, ſont non ſeulement d’un mauvais préſage, mais on ne peut pas même faire un meilleur jugement de celles qui ſont ſemblables aux urines des ſains ; parce que l’on y apperçoit des changemens tout-à-fait biſares, qui ne manquent gueres d’être funeſtes aux malades : car on a vû plus d’une fois paroître des ſignes de coction dans les urines, donnant de bonnes eſpérances de guériſon, puis ces urines devenir crues, & donner des preſſentimens funeſtes de la mort des malades.

Cependant quand les urines ſont bien digérées, & qu’elles ont un énéorème louable, qui ſe précipite peu-à-peu au fond du vaiſſeau, c’eſt toujours un bon ſigne ; étant preſque impoſſible que le force de la nature qui ſe manifeſte viſiblement par de telles urines, ne reſiſte puiſſamment au venin de la Peſtilence, & ne s’en rende enfin la maîtreſſe : au contraire les urines graſſes, huileuſes, livides, & noires, & qui ont une hypoſtaſe de même couleur, ſont toujours d’un très-mauvais prognoſtic.

Les fiévres peſtilentes ſont rarement guéries tout-d’un-coup par les ſueurs les mieux conditionnées, quand même elles arrivent préciſément aux jours critiques ; & il arrive aſſez fréquemment que la fiévre étant diminuée incontinent après la ſueur, il ſurvient enſuite d’autres fâcheux ſymptômes, & que le malade meurt après avoir ſué pluſieurs