Page:Dick - Le Roi des étudiants, 1903.djvu/11

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Le jeune étudiant baissa la tête et ne répondit pas. Mais sa main se porta instinctivement à son cœur, comme s’il eût craint d’y laisser voir la plaie qu’y devinait Després.

Celui-ci se leva et, saisissant cette main indiscrète, il dit à Champfort d’une voix douce :

« Mon pauvre ami, ta main t’a trahi ; tu souffres réellement et je vais te dire qu’elle est ta maladie.

— Tais-toi, Després, tais-toi ! » fit vivement Champfort, en relevant la tête et regardant l’étudiant avec des yeux presque hagards.

Cardon, Lafleur et le Caboulot s’étaient imposé mutuellement silence, du moment que Després — leur chef à tous — avait engagé la conversation. Rapprochant leurs chaises, ils attendirent, vivement intrigués.

Després, les désignant :

« Voyons, Champfort, doutes-tu de nous ? Sommes-nous, oui ou non, tes meilleurs amis ?

— Certes, oui.

— Eh bien ! qu’as-tu à craindre ?

— Rien ; mais mon secret est un de ceux qu’on emporte dans la tombe.

— Ta ! ta ! ta ! ton secret n’en est pas un, car je le connais, moi.

— Alors, c’est toujours un secret, » répondit noblement Champfort.

Un éclair brilla dans l’œil noir de Després. Il leva fièrement sa belle tête intelligente, serra la main du jeune homme et dit :

« Merci, Champfort. Cette bonne parole est un coup d’éperon qui m’engage définitivement dans la voie que j’ai adoptée. »

Puis, se tournant vers Lafleur, Cardon et le Caboulot :