Page:Dick - Le Roi des étudiants, 1903.djvu/116

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séparation éternelle… Quelque chose lui disait qu’elle reverrait Gustave et que, régénérée par l’expiation, elle pourrait arracher de l’âme endolorie du jeune homme le dard que sa trahison y avait planté.

Pourtant, jusqu’à ce jour, rien n’était venu donner raison à cette voix intérieure, et, si tenace que fût l’espérance de la pauvre fille, elle subsistait malgré elle la froide influence de la désillusion.

Et voilà que tout à coup, sans préparation, elle apprenait, que, non seulement Gustave était vivant, mais encore qu’il était à Québec et que son frère l’avait vu !…

On conçoit donc l’émotion indescriptible qui s’empara d’elle.

Après une minute d’un silence anxieux, que le Caboulot respecta, Louise reprit, d’une voix tremblante :

« Ainsi, tu l’as vu ?

— Comme je te vois.

— Et tu lui as parlé ?

— Il y a deux mois que je lui parle tous les jours sans le connaître.

— Il est donc bien changé ?

— Ah ! pour ça, c’est plus que je ne puis dire : j’étais si jeune quand il venait chez nous, là-bas, que je n’ai guère fait attention à ses traits. Tout ce que je sais, c’est qu’il a beaucoup vieilli et que je ne l’aurais certes pas reconnu, sans l’histoire qu’il nous a contée.

— Quelle histoire ? »

Le Caboulot hésitait.

« Dis, insista Louise.

— Je veux tout savoir.