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Page:Dick - Le Roi des étudiants, 1903.djvu/13

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fant-là. Mon amour est une indignité, une trahison : eh bien ! périsse mon amour, dussé-je ne pas lui survivre !

— Indignité ! trahison !… Eh ! depuis quand se montre-t-on indigne et se rend-on coupable de trahison, en aimant avec franchise et loyauté une jeune fille ?

— Depuis que le devoir et la reconnaissance existent. Ma tante Privat m’a recueilli, moi orphelin, alors que les derniers débris du modeste patrimoine de ma famille venaient de disparaître dans les frais de la maladie et d’enterrement de ma mère ; elle m’a élevé comme un enfant ; elle m’a fait instruire — me mettant ainsi dans les mains les moyens de vivre honorablement — et je pousserais l’ingratitude jusqu’à chercher à capter l’amour de sa fille unique, de sa fille à qui elle laissera une part considérable de sa fortune !…

« Non, jamais ! Ma tête est plus forte que mon cœur, et si celui-ci ne veut pas entendre raison, je le briserai.

« Ah ! si elle était pauvre comme moi !…

— Pauvre, toi ? allons donc ! Est-ce qu’on est pauvre quand on possède une intelligence comme la tienne et quand on a un cœur comme celui qui bat dans ta poitrine ? est-ce qu’on est pauvre quand on a ton instruction et une position sociale honorable comme celle qui t’attend ?

« Et, d’ailleurs, puisque Mlle Privat a beaucoup d’argent, n’est-il pas juste qu’elle fasse partager cette fortune à un pauvre homme honorable, plutôt que de s’associer à un capitaliste qui n’en a que faire, et donner ainsi le spectacle d’une richesse scandaleuse, au milieu de misères imméritées ?