Page:Dick - Le Roi des étudiants, 1903.djvu/143

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— Pourquoi pas ?… Est-ce que, par hasard, quelqu’un aurait le droit de me forcer la main ?

— Non, mademoiselle, personne n’a ce droit, répondit gravement Després ; mais il n’en est pas moins vrai qu’un homme s’est trouvé qui a cru pouvoir le prendre, ce droit ; il n’en est pas moins vrai que, vous qui êtes jeune, belle et riche, vous vous mariez contre votre gré. »

Laure pâlit, et regardant son interlocuteur en face :

« Monsieur ! dit-elle, vous abusez…

— Laissez faire, mademoiselle… reprit tranquillement Després. Je n’avance rien que je ne sois en mesure de prouver. Tout à l’heure, vous me rendrez justice. »

Puis continuant :

« Donc, vous vous mariez contre votre gré et vous n’aimez pas celui qui sera bientôt votre époux.

— Je vous laisse dire, puisqu’il le faut.

— Bien plus, pauvre jeune fille, vous avez au cœur un autre amour, une de ces passions suaves et douces qui sont l’histoire de toute une vie et ne s’éteignent jamais. »

Une rougeur brûlante envahit le front de la jeune fille, mais elle haussa bravement les épaules et feignit de rire.

« Beau chevalier redresseur de torts, dit-elle, vous savez beaucoup de choses, mais je doute fort que vous puissiez lire à découvert dans le cœur d’une femme – surtout d’une femme que vous voyez pour la première fois.

— Mademoiselle, reprit Després d’une voix grave, je ne suis pas devin, mais j’ai beaucoup souffert, et le chagrin, en forçant certaines facultés à