Page:Dick - Le Roi des étudiants, 1903.djvu/157

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yeux de Laure les faits et gestes de l’espion, dans cette nuit sinistre où le colonel Privat agonisait sur un méchant grabat, loin des siens et au pouvoir de l’homme qui l’avait trahi, l’ex-fournisseur n’y tint plus…

Son bras se tendit dans la direction du narrateur, et, livide, hideux de terreur et de rage, Lapierre se dressa de toute sa hauteur et ajusta Gustave Després…

Juste à ce moment, Edmond arrivait en courant et le Roi des Étudiants se levait en toute hâte.

Il était encore sauvé ; mais, comme on l’a vu dans le dernier chapitre, son adversaire se mit résolument à sa poursuite, faisant un long détour vers le nord et allant s’aposter sur le chemin que suivait lentement le jeune disciple d’Esculape.

Cinq minutes ne s’étaient pas écoulées, que le pas régulier et souple de Gustave fit résonner la terre durcie du sentier. L’étudiant marchait la tête basse, absorbé dans un flot de pensées couleur de rosé, s’il fallait en juger par le demi-sourire qui courbait sa moustache.

Lapierre le voyait venir.

« Ah ! ah ! se dit-il, avec une sourde colère, tu triomphes un peu vite, mon bonhomme… L’espion, le traître, le faussaire – comme tu m’appelles – va t’apprendre un peu qu’on ne se jette pas impunément en travers de ses projets. »

Et le misérable introduisit rapidement la main dans la poche de son habit…

Mais il l’en retira aussitôt et fit un geste de désappointement et de rage…

Le revolver n’y était plus !

Dans sa course précipitée, l’espion l’avait perdu, et il était trop tard pour essayer de le retrouver.