conséquemment, tu dois m’obéir. Pas de réplique : en avant, marche ! »
Et le tyrannique Caboulot avait, sans cérémonie, pris le bras de sa sœur et l’avait conduite nous savons où.
Cependant, Louise, toujours agenouillée, disait :
— Mon Dieu ! mon Dieu ! ce pauvre Gustave, le revoir en cet état !
— Mort ! mort ! sanglotait à son tour le Caboulot, mort sans avoir atteint son but, sans s’être vengé et avoir vengé la société !
— Mort sans m’avoir pardonnée ! » reprenait Louise, comme un écho funèbre.
Ces lamentations duraient depuis cinq minutes, quand tout à coup le Caboulot bondit sur ses pieds, galvanisé par une pensée soudaine.
« Assez pleuré ! cria-t-il. L’homme qui sort d’ici est l’assassin de Gustave : il faut que cet homme-là meure avant d’entrer dans Québec. Je l’attraperai bien. »
Et il se disposa à prendre son élan.
« Es-tu fou ? exclama Louise en le retenant par le bras… Me laisser seule ici ?… abandonner ce pauvre Gustave, qui vit peut-être encore ?…
Et elle posa la main sur le cœur du moribond.
Le Caboulot trépignait.
« Je veux le tuer ! je veux le tuer ! rugissait-il… Point de pitié pour cet assassin d’enfer, pour cet ignoble espion, pour ce voleur de dot !
— Attends, attends ! dit tout à coup Louise, anxieuse et penchée sur la poitrine du cadavre.
— Point d’attente !… C’est tout de suite… la main me démange ! répondit sourdement le Caboulot, fou de colère et de douleur. »