Page:Dick - Le Roi des étudiants, 1903.djvu/204

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partie jouée par un misérable ; non, tu n’iras pas broyer ton cœur sous le corsage de ta robe nuptiale !… car je ne veux pas, moi ; car, aux ignobles calculs de Lapierre, j’opposerai mon amour sans tache pour toi, mon amour que six années d’amertumes contenues rendent sacré ! »

Et le jeune étudiant, beau de douleur et de noble passion, se laissa glisser aux genoux de sa cousine.

Laure eut dans les yeux un éclair de joie surhumaine ; sa belle figure se colora d’une bouffée du sang venu du cœur… Mais elle tressaillit aussitôt après, et prenant dans ses mains la tête de Champfort agenouillé, elle y colla son visage baigné de larmes.

« Trop tard ! murmura-t-elle avec mélancolie, trop tard, mon pauvre Paul !… Nous ne nous sommes pas compris… Moi aussi, je t’aimais, et – ajouta-t-elle plus bas – je t’aime encore !

— Tu m’aimes ! s’écria Champfort d’une voix concentrée, tu m’aimes ?… Oh ! redis-le-moi, ce mot qui me rend fou.

— Oui, je t’aime ! articula nettement Laure, Mais, encore une fois, ni mon amour pour toi, ni aucune autre considération au monde n’empêcheront mon sacrifice de s’accomplir, si le courageux jeune homme qui s’est annoncé comme mon sauveur n’arrive pas à temps.

— Oh ! Gustave, où es-tu ? » murmura Champfort amèrement.

En ce moment, l’horloge du grand salon sonna une heure du matin.

« Déjà une heure ! murmura la jeune fille, en se levant. Mon cousin, il faut nous séparer. Notre