Page:Dick - Le Roi des étudiants, 1903.djvu/212

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n’aurait pas manqué de venir lui rendre ses hommages.

Là, elle colla son front contre une vitre et regarda anxieusement l’avenue brillamment illuminée ; puis sa pensée prit son essor et suivit son cousin, Paul Champfort, à la recherche du mystérieux sauveur qu’elle n’avait fait qu’entrevoir. À toute minute, par une illusion d’espoir, elle se figurait voir arriver les deux jeunes gens – l’un rayonnant comme le bonheur, l’autre terrible comme la vengeance !

Mais toute la nuit se passa ; mais l’aurore descendit du ciel ; mais quatre heures sonnèrent, puis cinq, puis six, sans réaliser le secret espoir de la malheureuse fiancée, sans que Gustave eût paru ? Seulement, comme le dernier coup de la sonnerie vibrait encore au-dessus des assistants silencieux, Champfort entra dans le grand salon.

Il était extrêmement pâle et paraissait exténué de fatigue.

Laure, assise près de sa mère et à quelque distance de la table où se tenait un grave notaire, jeta à son cousin un coup d’œil interrogateur ; mais celui-ci ne put que courber la tête dans un geste de suprême désespoir.

« Allons ! le sort en est jeté, se dit la jeune fille, consommons courageusement notre sacrifice… Dieu n’a pas voulu que j’eusse ma part de bonheur sur la terre ! »

Et, calme, stoïque, impassible, elle écouta la lecture du contrat de mariage, faite en ce moment par le notaire.

Le plus profond silence régnait parmi les nombreux assistants, rassemblés dans le salon. Seuls, Paul Champfort et Edmond Privat, retirés à l’é-