Page:Dick - Le Roi des étudiants, 1903.djvu/239

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Mais une autre émotion, plus forte et plus inattendue, lui était réservée.

En passant sa tête par le trou pour se hisser à l’étage supérieur, Gustave aperçut une jeune fille assise sur un méchant grabat, dans le coin d’une chambre triste et nue. La malheureuse avait la tête dans ses mains et lui tournait le dos. Elle était, sans doute, sous le coup d’une immense préoccupation, car elle n’entendit pas le bruit que faisait Després en prenant pied dans son réduit.

Le Roi des Étudiants fit un pas en avant ; la jeune fille se retourna, effrayée, et deux cris étouffés partirent simultanément :

« Gustave ! »

« Louise ! »

Puis un court silence suivit, pendant lequel les deux anciens amants des bords du Richelieu sentirent leur cœur envahi par un flot de souvenirs douloureux. Louise était trop émue pour parler, et Gustave, brusquement placé en face de cette jeune fille qu’il avait tant aimée, croyait entendre gronder en lui-même, comme un tonnerre lointain, les dernières rumeurs de sa passion expirante.

Ce fut lui qui, dominant son trouble, rompit le premier ce silence plein d’angoisses.

« Louise, dit-il avec mélancolie, nous nous revoyons dans de tristes circonstances.

— Hélas ! Gustave, répondit la jeune fille, en relevant sa tête blonde et son visage pâle, que vous est-il donc arrivé et comment se fait-il que je vous retrouve ici, après vous avoir laissé là-bas, tout sanglant et évanoui ?

— C’est toute une histoire. J’ai été transporté chez vous par Georges et je n’en suis parti qu’hier soir, après que les soins assidus de votre excellent