Page:Dick - Le Roi des étudiants, 1903.djvu/241

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Louise tomba à genoux, prit les mains de Després et murmura en sanglotant :

« J’avais assez souffert… je voulais être pardonnée ! »

Gustave pâlit… Le fantôme de la trahison de sa fiancée se dressa un moment devant ses yeux, escorté du spectre sévère de la vengeance… Mais il avait souffert, lui aussi, et chez les âmes vraiment fortes, la souffrance élève le sentiment et met au cœur la sainte compassion…

Gustave chassa donc, d’un froncement de sourcil, les deux sinistres apparitions. Il releva Louise, la baisa au front et lui dit simplement :

« Louise, de ce jour, le passé n’existe plus : Je te pardonne ! »

La douce jeune fille sentant qu’elle méritait ce pardon, ne répondit qu’un mot :

« Merci ! »

Puis elle ajouta aussitôt :

« Et, maintenant, mon bon Gustave, cours où le devoir t’appelle. Il y a là-bas une malheureuse enfant qui t’attend comme un sauveur. Laisse-moi et vole à la Canardière.

— Tu as raison, Louise, mais nous irons tous deux. Ton témoignage ne sera pas inutile.

— Je suis prête à tout. »

En ce moment, une voix puissante se fit entendre au loin, dans la maison, chantant ce refrain connu :

C’est notre grand-père Noé,
Patriarche digne,
Que l’bon Dieu nous a conservé,
Pour planter la vigne.