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Page:Dick - Le Roi des étudiants, 1903.djvu/256

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« Vous me demandez des preuves contre l’abominable scélérat qui est aujourd’hui courbé sous la main vengeresse de Dieu ?… Ces preuves, mesdames et messieurs, je pourrais me dispenser de vous les donner, car la seule attitude du coupable, le remords qui se traduit sur sa figure par une pâleur morbide, ses réponses embarrassées, ses emportements spasmodiques, et jusqu’à cette farouche résignation dans laquelle il s’est enfin renfermé, tout cela devrait être plus que suffisant pour apporter la conviction dans vos esprits… Mais je ne veux laisser subsister aucun doute relativement aux graves accusations que je viens de jeter à la face de Joseph Lapierre, et, sans même tirer parti de l’aveu tacite de culpabilité qui ressort de ce fait que l’habile chercheur de dots a fait disparaître, ces jours-ci, tous ceux qui pouvaient témoigner contre lui, je vous mettrai sous les yeux un argument plus irrésistible, une preuve plus accablante : le propre aveu du coupable, le témoignage de sa conscience, enfin le journal où sa main criminelle et imprudente a consignée, jour par jour, ses ténébreux projets…

« C’est une petite razzia que je fis sur ce bon Lapierre, une nuit qu’il revenait du camp confédéré, où il avait lâchement vendu ses frères de l’armée du nord. »

Et le Roi des Étudiants, tirant de son gilet le grand portefeuille de maroquin que nous connaissons, le présenta solennellement à madame Privat.

« Lisez, madame, dit-il, et que Dieu vous donne la force d’aller jusqu’au bout !

— Misérable voleur ! hurla Lapierre, mon portefeuille !… Ah ! tu ne jouiras pas longtemps de ta victoire ! »