Page:Dick - Le Roi des étudiants, 1903.djvu/41

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paternelle comme deux heures du matin sonnaient au coucou du salon.

« Une vingtaine de minutes plus tard, j’étais installé dans le fourré le plus épais de l’îlot, ayant eu soin de hâler mon canot à sec et de le dissimuler dans un fouillis de broussailles.

« Mon intention, en choisissant cet endroit solitaire pour y passer la journée, était d’abord d’empêcher que Lapierre n’eût vent de mon retour, ensuite d’être plus à portée d’observer ses allées et venues.

« Rien d’extraordinaire ne se passa, jusqu’au soir.

« Mon ex-ami alla bien, comme d’habitude, chez mon père et chez quelques autres personnes du voisinage, mais son canot ne bougeait pas.

« La nuit vint, sombre, silencieuse – une vraie nuit de contrebandier, de bandit. Je distinguais à peine les deux rives du fleuve ; et si quelques maigres rayons d’étoiles n’eussent percé l’obscurité compacte, il m’aurait été bien difficile de constater le départ du coquin.

« Heureusement, mes yeux s’y firent à la longue, et, vers dix heures environ, je pus y voir le canot de Lapierre se dessiner sur le fleuve comme une ombre légère et glisser rapidement vers l’îlot.

« Arrivé à la pointe sud, au lieu de passer outre, comme je m’y attendais, le canot vint s’y ensabler, et l’homme qui le montait sauta à terre et alla déposer, non loin de là, derrière un rocher, quelque chose qui me parut être un paquet de hardes.

« Avant, que je fusse revenu de mon étonnement, le canotier avait rejoint son embarcation et nageait ferme dans la direction de la rive gauche.