Page:Dick - Le Roi des étudiants, 1903.djvu/46

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« Pourtant, il feignit encore de badiner.

« — Qui sera l’exécuteur des hautes œuvres ? ricana-t-il.

« — Moi !

« Et, exhibant aussitôt mes revolvers, j’ajoutai :

« — Il y en a un pour toi et un pour moi. Nous nous placerons à chacune des extrémités de l’îlot, et nous tirerons à volonté nos six coups.

« Lapierre recula.

« — Un duel ? fit-il.

« — Oui, un duel, un duel loyal ! car si je veux ta vie, ce n’est point par un assassinat que je prétends l’avoir.

« — Un duel sous les yeux d’une femme ?

« — Cette femme en est la cause : il faut qu’elle voie son œuvre.

« — C’est une lâcheté cruelle !

« — Il te sied bien, Joseph Lapierre, de parler de lâcheté, toi que je surprends en flagrant délit de trahison, en train de déshonorer à jamais une famille respectable. Mets de côté ces airs de chevalerie qui ne te vont pas, et prépare-toi plutôt à disputer ta misérable vie.

« — Et si je ne veux pas me battre, moi ?

« — Si tu refuses de te battre, infâme larron d’honneur, aussi vrai que Dieu m’entend, je vais te tuer comme un chien.

« Pour le coup, Lapierre vit que j’étais sérieux et qu’il fallait s’exécuter coûte que coûte. Il se mit à trembler tout de bon.

« — Au moins, dit-il, mettons Louise à couvert ; tu n’as pas envie de l’assassiner, je suppose ?

« — Pas le moins du monde. Il y a, de l’autre côté de l’îlot, un amas de roches derrière lesquels