Page:Dick - Le Roi des étudiants, 1903.djvu/47

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elle se blottira. Si je te tue, comme je l’espère bien, je m’engage à la ramener chez elle dans mon canot, que j’ai caché à quelques pas d’ici ; si tu es vainqueur, tu agiras à ta guise. Allons, fais vite, où je vais te frotter les côtes pour te donner du courage.

« Ce coup d’éperon parut transformer Lapierre. Il bondit vers la jeune fille et, malgré ses supplications et ses gémissements, la transporta au lieu convenu.

« Puis, revenant vers moi, il me cria d’une voix sauvage :

« — À nous deux, maintenant !… Ah ! mon petit Després, tu veux du sang ! Eh bien ! je vais voir de quelle couleur est celui d’un amoureux déconfit. Où est mon revolver ?

« — Je viens de le déposer sur le paquet de hardes que tu destinais à mademoiselle, vilaine caricature de Don Juan ! répondis-je, en gagnant à la hâte l’extrémité nord de l’îlot.

« Il était alors environ minuit.

« Le temps était toujours sombre. La lune n’étant pas encore levée, c’est à peine si la clarté blafarde des étoiles permettait de voir à quelques pas devant soi.

« C’était donc à peu près au hasard que nous allions tirer, à moins de marcher l’un sur l’autre, ou, ce qui serait mieux, de nous guider sur notre feu réciproque.

« Je me faisais ces réflexions, tout en cherchant un abri quelconque, lorsqu’une détonation retentit et qu’une balle siffla à mon oreille.

« Je me retournai vivement et ripostai au hasard.

« Je n’avais pas abaissé mon arme que, pan !