parlez-vous de malheur et pourquoi ce mot vient-il sur des lèvres qui ne devraient que sourire ?
— Qui sait ?…
— Est-ce au moment où l’avenir ne vous promet que joie et félicité, où tout est rose à votre horizon, où vos souhaits les plus chers vont être réalisés… par votre mariage avec l’homme que vous aimez…
— Allez toujours…
— Est-ce à ce moment-là que vous devez avoir des idées sombres et parler de malheur ?
— Qui vous dit que je parle pour moi ?
— Qui me le dit ?… Eh ! mon Dieu, rien et tout.
— Ce n’est pas répondre.
— Il m’est difficile de répondre autrement, car mes suppositions ne sont fondées que sur un pressentiment, et ce pressentiment…
— Voyons.
— Je ne sais si je dois…
— Oui, oui, parlez.
— Sans réticences ?
— Sans réticences… comme à une amie.
— Eh bien ! "mon amie", ce pressentiment qui m’assiège murmure à l’oreille de mon cœur une étrange chose.
— Dites.
— Vous le voulez ?
— Je le veux.
— Voici : c’est que vous avez quelque motif mystérieux pour épouser l’homme qui vous fait la cour, et que…
— Achevez.
— Vous n’aimez pas cet homme."
Laure devint très pâle, et, pour cacher son trou-