Page:Dick - Le Roi des étudiants, 1903.djvu/81

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dans l’armée confédérée. Vous vous en souvenez, ma tante ?

— Mon Dieu, oui, répondit inconsidérément Mme Privat. C’est même dans une de ces expéditions, organisée par lui, que mon pauvre mari trouva la mort.

— Oh ! l’affreux souvenir ! murmura Laure en se voilant la figure de ses deux mains.

— D’autant plus affreux, que, par une fatalité inconcevable, ce fut le meilleur ami de mon oncle qui le conduisit à la boucherie, croyant le mener à la victoire, répondit Paul, d’une voix où se devinait une implacable ironie. »

Mme Privat, dominée par cette évocation inattendue, porta son mouchoir à ses yeux et se tut. Quant à Laure, un trouble étrange l’envahit et elle se leva pour aller ouvrir une croisée, où elle s’accouda, baignant son front brûlant dans la fraîche brise qui s’élevait du jardin.

Champfort, lui, demeura froid et sombre sur son fauteuil, le regard menaçant, comme s’il venait de faire une déclaration de guerre.

En ce moment, un vigoureux coup de sonnette carillonna dans l’antichambre.

Les trois personnages du salon relevèrent ensemble la tête et fixèrent la porte, avec un point d’interrogation dans le regard.

Dix secondes après, une servante entrouvrit le battant et annonça :

« Monsieur Lapierre !

— Qu’il entre ! fit vivement Mme Privat, en se levant.

Lapierre entra.