Aller au contenu

Page:Dick - Le Roi des étudiants, 1903.djvu/97

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Chapitre XIV

Pauvre Laure !


Faisons maintenant un pas en arrière et disons ce qui s’était passé entre Mlle Privat et son ténébreux fiancé.

Lorsque la porte du salon se fut refermé sur Champfort — une seconde après que l’étudiant exaspéré eut lancé à son rival l’apostrophe que l’on sait — Lapierre demeura quelque temps immobile, debout et la main crispée sur le dos d’un fauteuil, étourdi par ce coup inattendu.

Ce nom de « Saint-Monat », cette allusion à un épisode de sa vie où il savait n’avoir pas joué le beau rôle, lui remettait en mémoire trop d’événements terribles, pour ne pas lui faire perdre un instant son magnifique sang-froid.

Et, dans la bouche de ce jeune homme à l’œil menaçant — le cousin, presque le frère de la femme dont il convoitait la dot — un avertissement comme celui-là prenait les proportions d’une véritable déclaration de guerre, ressemblait à une intervention tardive, mais inévitable, de la Providence en faveur de la malheureuse victime de sa cupidité.

En une minute de réflexion, Lapierre remonta, anneau par anneau, la chaîne de ses méfaits… et il eut peur. La sombre figure d’une autre de ses victimes, d’un pauvre jeune homme aimé, dont il avait brisé la vie en lui enlevant le cœur de sa fiancée, lui apparut dans le nuage de sa menaçante rêverie…

Mais celui-là n’était le timide défenseur qui