Page:Dick - Le Roi des étudiants, 1903.djvu/98

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procédait par allusions et avertissements… Il arrivait comme la foudre, sombre et terrible… Six années de souffrances avaient éteint dans son cœur jusqu’au dernier atome de pitié… Implacable justicier, il déchirait d’une main vengeresse le voile qui couvrait les turpitudes de l’ancien espion de l’armée fédérale et mettait à nu la gangrène de son âme…

Oui, Lapierre eut peur, et ses lèvres blêmies murmurèrent involontairement le nom de Gustave Lenoir !

Mais cette défaillance morale ne dura qu’une minute, et le misérable se raidit vigoureusement contre un sentiment qu’il qualifia de puéril. Il reprit donc bien vite son aplomb et s’approchant de Mlle  Privat, qui semblait encore sous l’effet des singulières paroles de Champfort :

« Mademoiselle, dit-il, vous avez entendu comme moi, je suppose, l’étrange menace que vient de me faire votre cousin ?

— Oui, monsieur, répondit froidement Laure, et j’ai même pu remarquer la profonde impression que cette menace a produite chez vous.

— Ah ! repartit ironiquement Lapierre, vous êtes en vérité trop perspicace, mademoiselle, et rien ne peut vous échapper… »

Laure ne répondit pas.

« Mais, continua le jeune homme, laissez-moi vous dire que, cette fois-ci, votre flair si subtil vous a trompée.

— Je ne le crois pas, monsieur.

— Moi, j’en suis sûr — car, à n’en pas douter, vous avez cru que les insolentes paroles de ce Champfort m’ont fait peur.

— J’ai, en effet, non pas cru, mais vu cela.