Page:Dick - Les pirates du golfe St-Laurent, 1906.djvu/13

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L’île apparaissait alors, par son travers, dans sa plus grande longueur : — soit environ cinq milles, — couchée, la tête vers le Labrador et les pieds allongés sur le fleuve, devenu golfe.

Partout, dans le voisinage, la solitude n’était troublée que par les ébats des oiseaux aquatiques ou le susurrement de la brise effritant la crête des vagues.

Thomas, toujours à la roue, inspectait soigneusement l’horizon autour de lui.

Comme il avait abordé l’île par son travers oriental, — mais en venant du large où il n’avait rien vu de suspect, — il manœuvrait alors pour gagner la tête septentrionale du « Mécatina, » de façon à contourner celle-ci et à jeter un coup d’œil sur le littoral en amont.

Le capitaine Thomas Noël, on a dû s’en apercevoir, était un homme prudent qui n’aimait pas à se laisser surprendre.

Mais la rive ouest était déserte, elle aussi, et seuls les oiseaux de mer y animaient le paysage par leurs allées et venues affairées.

On pouvait aborder.

Thomas vira de bord et gouverna de façon à embouquer le couloir rocheux, où havrait d’habitude la « Marie-Jeanne » de son copain de Québec, le capitaine Pouliot.

La mer était haute et l’entrée du canal courbe fut relativement facile.

Mais, au premier détour, on jeta l’ancre à pic pour amener les voiles.

Puis, ceci fait et l’ancre remontée jusqu’à fleur d’eau, on manœuvra à la gaffe, poussant, tirant, jusqu’à une sorte de cul-de-sac, où l’on dut stopper.

Une muraille infranchissable fermait là le singulier canal.

Plus moyen d’avancer.

Pourtant, cet obstacle n’en parut pas un à maître Thomas ; car, sautant sur une étroite saillie qui régnait du côté droit touchant à la joue du « Marsouin », il contourna un angle et disparut au regard de son compagnon.

Cinq minutes s’écoulèrent.

Gaspard attendait, un peu anxieux, mais sans grande inquiétude, toutefois.