Page:Dick - Les pirates du golfe St-Laurent, 1906.djvu/41

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à craindre, s’ils ne se rapprochent pas imprudemment des atterrages.

Mais que, — pour une cause ou pour une autre, — un vaisseau arrivant de l’est, au lieu de se guider du bras occidental de la baie, prenne au contraire pour jalon une lumière brillant sur le cap qui termine le bras oriental, ce navire ira infailliblement donner sur les récifs décrits plus hauts.

Voilà sur quoi comptait le naufrageur Thomas.

Seulement, le phare de Forteau aurait-il la complaisance, le cas échéant où une tempête surviendrait, de fermer son œil vigilant et de laisser s’accomplir un aussi effroyable crime ?

Évidemment, non ! si le gardien faisait son devoir.

Mais… peut-être oui ! advenant le cas où le fonctionnaire officiel, croyant sa lumière en règle, succomberait au sommeil sans constater la chose de visu.

Au reste, — en admettant même que le gardien résistât aux séductions d’une couple de bouteilles de bon « saint-pierre », — le capitaine Thomas avait un plan tout arrêté, qu’il développa à son compère.

Celui-ci approuva d’emblée.

— Ton truc vaut de l’or en barre, dit-il. Le bonhomme n’y verra que du feu.

— C’est précisément ce que je veux lui faire voir, conclut le capitaine du « Marsouin. »

La conversation continua pendant quelques minutes encore.

Puis, tout étant convenu, les deux coquins regagnèrent le bord, où les attendait un déjeuner substantiel, œuvre du maître Jean Brest.