Page:Dick - Les pirates du golfe St-Laurent, 1906.djvu/74

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Les trois hommes marchaient à peu près de front, laissant pourtant entre eux une certaine distance, afin, d’explorer à la fois plus de terrain.

Tout naturellement, le guide de l’expédition était le capitaine.

Il suivait rigoureusement le sentier frayé, tandis que ses matelots le flanquaient des deux côtés, à la distance d’un encâblure, pour parler leur langage.

Chacun marchait, le revolver au poing, car on ne savait encore à qui on allait avoir affaire, ni le nombre des ennemis.

On traversa de la sorte, sans la moindre alerte, une partie de la forêt qui revêt la pointe orientale d’un épais manteau de verdure.

Bientôt la petite troupe allait émerger sur l’autre plage, — celle regardant l’est, — lorsque José Poquin s’arrêta net.

Il avait cru entendre une plainte vague, à quelque distance, sur sa gauche, dans un épais fourré.

Appelant d’un mot son capitaine, il se dirigea vivement sur l’endroit d’où était parti ce bruit suspect.

Un spectacle bien étonnant lui arracha aussitôt son exclamation favorite :

— En v’la-t-une autre, parole de mousse !

— Quoi donc, José ? s’enquit Arthur, allant à son matelot.

— Voyez, capitaine ! se contenta de répondre l’interpellé, montrant de son fanal un tronc moussu couché à travers la feuillée et auquel le petit Wapwi était lié par de fortes courroies de peau d’anguille.

L’enfant, quoiqu’ayant les yeux ouverts, paraissait exténué et prêt à perdre connaissance.

— Wapwi ! s’écria le capitaine, tout en coupant avec dextérité les liens multiples qui entouraient l’enfant.

— Vite ! capitaine, supplia Wapwi, sans songer à lui-même… Petite mère volée par la Grande-Ourse !

— Une sauvagesse de Shécatica ?