Page:Dick - Une horrible aventure, 1875.djvu/98

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Cette habile stratégie fut couronnée d’un plein succès.

Au tournant de l’allée qu’il venait de parcourir au galop, Georges, tout haletant, faillit piquer une tête, à la mode bretonne, dans le corsage dodu de la petite parisienne.

Il y eut deux exclamations :

— Ah !

— Oh !

Puis, les nez s’étant relevés, on se reconnut.

— Tiens, monsieur mon voisin !

— Tiens, mademoiselle ma voisine !

Pause de dix secondes. Puis, la jeune fille :

— Savez-vous que vous m’avez fait une peur ?…

— Et vous, donc ?… j’en suis encore tout tremblant.

— C’est votre faute… pourquoi arrivez-vous ainsi comme un ouragan ?

— Il fait si froid, qu’il faut bien prendre des allures un peu… désordonnées.

— Vous avez raison : c’est moi qui suis fautive. J’aurais dû ne pas marcher ainsi tête baissée : je vous aurais vu venir.

— Non pas, mademoiselle… Je revendique hautement la responsabilité de cette affaire, et me voici à vos genoux, implorant pardon et pénitence.

Et Georges fit mine de tomber sur ses rotules.

— Là ! là ! mon voisin, ne faisons point de tragédie.

— Je suis coupable : il me faut une pénitence.