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Page:Dickens - Contes de Noël, traduction Lorain, 1857.djvu/126

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M. Fish prit immédiatement sa plume et écrivit sous la dictée de sir Joseph :

« Particulière. — Mon cher monsieur,

« Je vous suis bien reconnaissant de votre politesse au sujet de William Fern, sur le compte duquel je regrette d’ajouter que je n’ai à vous donner aucun renseignement favorable. Je n’ai jamais cessé de me conduire avec lui comme son ami et son père, mais j’en ai été payé (malheureusement, c’est l’ordinaire) par de l’ingratitude et une opposition constante à mes plans. C’est un esprit turbulent et rebelle, un caractère indépendant et fier, qui ne voudrait pas du bonheur si vous le lui mettiez dans la main. Dans cet état de choses, il me semble, je l’avoue, que quand il se présentera de nouveau devant vous (comme vous me dites qu’il a promis de le faire demain, afin de connaître le résultat de votre enquête, et je crois qu’on peut compter sur lui pour cela), ce sera rendre service à la société que de le faire enfermer quelque temps comme vagabond, et donner un exemple salutaire dans un pays où ces exemples sont devenus des plus nécessaires, dans l’intérêt de ceux qui se dévouent à être les amis et les pères du pauvre, aussi bien que dans l’intérêt de cette classe elle-même, généralement égarée.

« Je suis, etc., etc. »

« On dirait, remarqua sir Joseph après avoir signé cette lettre, tandis que M. Fish la cachetait, on dirait que c’etait écrit là-haut, en vérité. Voyez ! à la fin de l’année, je règle mes comptes et j’établis ma balance, même avec William Fern ! »

Trotty, qui depuis longtemps déjà était retombé dans un profond découragement, s’avança tout triste et morne pour prendre la lettre.

« Avec mes compliments et mes remerciements, dit sir Joseph. Attendez.

— Attendez ! répéta M. Fish.

— Vous avez entendu peut-être, poursuivit sir Joseph sur le ton d’un oracle, certaines observations que j’ai été conduit à faire par l’époque solennelle de l’année à laquelle nous touchons, et l’obligation qu’elle nous impose de mettre nos affaires en ordre et de nous tenir prêts. Vous avez dû remarquer que je ne me prévaux en aucune façon du rang supérieur que j’occupe dans la société, mais que M. Fish, monsieur que voici, a près de lui un livre de mandats et n’est pas ici, dans le fait, pour autre chose que pour m’aider à liquider l’année courante, et à commencer l’année nouvelle avec des comptes parfaitement li-