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Page:Dickens - Contes de Noël, traduction Lorain, 1857.djvu/138

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m’empêche de monter au clocher pour m’assurer de ce qu’il en est ? Si elle est fermée, tout est dit, je n’en demande pas davantage. »

Quand il se glissa sans bruit dans la rue, il était à peu près certain de trouver la porte de la tour poussée et fermée à clef, car il la connaissait parfaitement, et l’avait rarement vue ou verte, trois fois au plus, à ce qu’il pouvait croire. C’était une petite porte cintrée, placée en dehors de l’église, dans un enfoncement obscur, derrière un pilier, avec des gonds en fer si énormes, et une serrure si monstrueuse, qu’il y avait plus de serrure et de gonds que de porte.

Mais quel fut son étonnement lorsque, s’avançant tête nue vers l’église, la main étendue vers cet enfoncement obscur, non sans éprouver quelque crainte de sentir une autre main saisir la sienne à l’improviste, et bien tenté de la retirer, ma foi ! car il en avait le frisson, il trouva cette porte qui s’ouvrait en dehors, entre-bâillée !

Dans le premier mouvement de surprise, il songeait à revenir sur ses pas ou à aller chercher de la lumière, ou à prendre quelqu’un avec lui ; mais son courage se raffermit aussitôt, et il se détermine à monter seul.

« Qu’ai-je à craindre ? disait Trotty… C’est une église ! D’ailleurs les sonneurs sont sans doute là ; ils auront oublié de fermer la porte. »

Il entra donc, tâtonnant comme un aveugle pour trouver son chemin ; car c’était bien noir et bien calme. Les cloches ne soufflaient pas le mot.

La poussière de la rue, poussée par le vent dans ce recoin, s’y était accumulée et formait sous les pieds comme un tapis de velours qui procurait une sensation singulière et même effrayante. L’étroit escalier commençait, en outre, si près de la porte, que Toby trébucha contre la première marche, et, frappant du pied la porte, sans le vouloir, la referma sur lui ; quand une fois il l’eut entendue rebondir pesamment en retournant à sa gâche, il ne put plus la rouvrir.

Raison de plus, cependant, pour avancer… Trotty chercha son chemin à tâtons, et continua d’avancer toujours en tournant comme dans un colimaçon ; plus haut, plus haut, plus haut encore, toujours plus haut !

L’escalier n’était point du tout commode pour ce genre d’ascension au milieu des ténèbres ; si bas, si étroit, que la main de Toby, dans ses tâtonnements, rencontrait sans cesse quelque chose ; parfois il croyait apercevoir une forme humaine ou un