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LES APPARITIONS DE NOËL.

L’oncle Scrooge s’était si bien laissé gagner par l’hilarité générale, qu’il aurait fait honneur au toast de la compagnie et prononcé un discours de remercîment, si l’Esprit lui en avait donné le temps ; mais déjà l’Esprit et l’oncle Scrooge avaient repris le cours de leurs voyages. Ils virent bien du pays, bien du monde, et partout des cœurs heureux. L’Esprit s’approchait du lit des malades, et ils croyaient renaître à la santé ; il s’approchait d’un exilé, et il se croyait dans sa patrie, — d’un homme dans la peine, et il espérait, — d’un indigent, et il était riche. À l’hôpital, dans la prison, partout où la porte, n’était pas follement fermée à l’Esprit de Noël, l’Esprit laissait sa bénédiction et donnait une leçon nouvelle à Scrooge.

Ce fut là une longue nuit, si ce voyage ne dura qu’une nuit, et Scrooge en douta, se persuadant que plusieurs fêtes de Noël avaient été condensées pour lui en une seule. Autre chose étrange, tandis que Scrooge restait le même dans sa forme extérieure, l’Esprit devenait visiblement plus vieux. Scrooge, en sortant d’un réveillon d’enfants, remarqua ses cheveux blanchis, et lui demanda enfin si les Esprits avaient une vie si courte.

« Ma vie sur ce globe est très-courte en effet, répondit l’Esprit ; elle finit cette nuit.

— Cette nuit ! s’écria Scrooge.

— Oui, à minuit… Écoutez, l’heure s’approche. » L’horloge sonnait les trois-quarts de onze heures.