Page:Dickens - David Copperfield, Hachette, 1894, tome 1.djvu/301

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Agnès. Il avait l’air de ne pas se douter qu’on pût remarquer cette attention continue, bien visible pourtant, car il était si occupé de mistress Strong et des pensées qu’elle lui suggérait, qu’il en était tout absorbé. Il finit par demander ce que M. Jack Maldon avait véritablement écrit sur sa situation et à qui il avait adressé de ses nouvelles.

« Voilà, dit mistress Markleham en prenant par-dessus la tête du docteur une lettre posée sur la cheminée ; voilà ce que ce pauvre garçon dit au docteur lui-même… Où est-on donc ?… ah ! j’y suis… « Je suis fâché d’être obligé de vous dire que ma santé a beaucoup souffert ; et que je crains d’en être réduit à la nécessité de revenir en Angleterre pour quelque temps ; c’est ma seule espérance de guérison. » Il me semble que c’est assez clair, pauvre garçon ! Sa seule espérance de guérison ! Mais la lettre d’Annie est plus explicite encore. Annie, montrez-moi encore une fois cette lettre.

— Pas maintenant, maman, dit-elle à voix basse.

— Ma chère, vous êtes vraiment sur certains sujets la personne la plus absurde qui soit au monde ; et il n’y a personne comme vous pour vous montrer peu sensible aux droits de votre famille, lui dit sa mère. Nous n’aurions pas seulement entendu parler de cette lettre si je ne vous l’avais pas demandée. Appelez-vous cela de la confiance envers le docteur Strong, Annie cela m’étonne de votre part. »

Mistress Strong produisit la lettre à regret, et quand je la pris pour la passer à la mère, je vis que la main de la fille tremblait en me la remettant.

« Voyons donc où est ce passage, dit mistress Markleham, en approchant le papier de ses yeux : « Le souvenir des temps passés, ma chère Annie…, » et ainsi de suite ; ce n’est pas ça. « Le bon vieux procureur… » De qui veut-il donc parler ? Vraiment, Annie, votre cousin Maldon est à peine intelligible. Ah ! que je suis stupide ! c’est apparemment du docteur qu’il parle ! « Oh ! oui, bien bon en vérité ! » Ici elle s’arrêta pour donner un nouveau baiser à son éventail et le secouer ensuite du côté du docteur, qui nous regardait tous avec la satisfaction la plus paisible. « Ah !voilà : « Vous ne serez peut-être pas surprise d’apprendre, Annie… » Bien certainement, non, sachant, comme je viens de le dire, qu’il n’était véritablement pas robuste… « Vous ne serez pas surprise d’apprendre que j’ai tant souffert loin de vous que je suis décidé à partir à tout hasard, avec un congé de maladie, si je