Page:Dickens - David Copperfield, Hachette, 1894, tome 2.djvu/260

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Enfin elle entra dans une rue sombre et triste ; là il n’y avait plus ni monde ni bruit ; je dis à M. Peggotty : « Maintenant, nous pouvons lui parler, » et pressant le pas, nous la suivîmes de plus près.


Nous étions entrés dans le quartier de Westminster. Comme nous avions rencontré Marthe venant dans un sens opposé, nous étions retournés sur nos pas pour la suivre, et c’était près de l’abbaye de Westminster qu’elle avait quitté les rues bruyantes et passagères. Elle marchait si vite, qu’une fois hors de la foule qui traversait le pont en tout sens, nous ne parvînmes à la rejoindre que dans l’étroite ruelle qui longe la rivière près de Millbank. À ce même moment, elle traversa la chaussée, comme pour éviter ceux qui s’attachaient à ses pas, et, sans prendre seulement le temps de regarder derrière elle, elle accéléra encore sa marche.

La rivière m’apparut à travers un sombre passage où étaient remisés quelques chariots, et cette vue me fit changer de dessein. Je touchai le bras de mon compagnon sans dire un mot, et, au lieu de traverser le chemin comme venait de le faire Marthe, nous continuâmes à suivre le même côté de la route, nous cachant le plus possible à l’ombre des maisons, mais toujours tout près d’elle.

Il existait alors, et il existe encore aujourd’hui, au bout de cette ruelle, un petit hangar en ruines, jadis, sans doute, destiné à abriter les mariniers du bac. Il est placé tout juste à l’endroit où la rue cesse, et où la route commence à s’étendre entre la rivière et une rangée de maisons. Aussitôt qu’elle arriva là et qu’elle aperçut le fleuve, elle s’arrêta comme si elle avait atteint sa destination, et puis elle se mit à descendre lentement le long de la rivière, sans la perdre de vue un seul instant.

J’avais cru d’abord qu’elle se rendait dans quelque maison : j’avais même vaguement espéré que nous y trouverions quelque chose qui nous mettrait sur la trace de celle que nous