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Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/100

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« — Je ne sais pas, » lui dis-je, « si je chasserai ou non.

» — Le gibier est devenu très effarouché, à ce qu’on dit, » reprit William.

« — On me l’a dit aussi, » répliquai-je.

« — Le Suffolk, Monsieur, est votre comté ?

» — Oui, » répondis-je avec importance ; « le Suffolk est mon comté.

» — On dit qu’on y fait des poudings excellents ? »

Je n’en savais rien ; mais je crus devoir soutenir les institutions de mon comté et avoir au moins l’air de les connaître. Je secouai donc la tête avec une grimace affirmative.

« — Et les bœufs de Suffolk ? » demanda William ; « quand un bœuf de Suffolk est des bons, il vaut son pesant d’or. Vous occupez-vous, Monsieur, de l’élève du bétail ?

» — Non, non, » répondis-je « pas précisément ?

» — Il y a derrière moi, » dit William, « un Monsieur qui engraisse des bœufs par centaines. »

Le Monsieur désigné était un Monsieur louche d’un œil, au menton saillant, coiffé d’un haut chapeau gris à bords plats et étroits, avec un pantalon qui se boutonnait de la cheville à