Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/138

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en cherchant à s’élever au-dessus de sa condition. »

M. Omer était déjà essoufflé, au point qu’il s’assit pour respirer. Aussi, je lui sus gré de répliquer à Minette :

« — Est-ce sa faute si elle a plus d’admirateurs que mainte belle dame ? Est-ce juste, de la part de celles qu’elle éclipse partout où elles la rencontrent, d’aller répandre de sottes histoires en répétant qu’Émilie voudrait bien être une Lady ? Cette médisance provient d’ailleurs d’un mot qui lui fait honneur, voyez-vous, Minette. Elle a dit, en effet, plus d’une fois, Monsieur : « Si j’étais une Lady… j’achèterais à mon oncle ceci et cela !

» — Je vous assure, Monsieur Omer, » m’écriai-je en intervenant, « que je lui ai entendu dire la même chose lorsque nous étions enfants elle et moi !

» — Eh bien ! vous voyez, » répliqua M. Omer : « ensuite, elle a vraiment l’air d’une dame pour la tournure et la grâce de sa mise. Avec un rien elle a l’air plus parée que les autres avec leurs plus beaux atours. Voilà deux ans qu’elle est ici notre apprentie, et, je le déclare, je regrette que nous soyons si près de la troisième année, terme de son apprentissage. »