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Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/150

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risson goudronné ! » continua M. Daniel Peggoty : « — Il s’amourache de notre petite Émilie, il la suit partout, il ne s’occupe que d’elle, et quand je commence à voir qu’il y a quelque chose qui ne va plus, il me déclare ce qui en est. Or, je ne serais pas fâché moi-même de voir notre petite Émilie mariée, — mariée surtout à un honnête homme en état de la protéger : je ne sais pas si je dois vivre long-temps ou mourir bientôt, mais je sais que si, surpris quelque nuit par la bourrasque dans la baie de Yarmouth, je croyais apercevoir pour la dernière fois les lumières de la ville, je descendrais plus tranquillement sous l’eau du grand bassin en pensant qu’il y a sur le rivage un homme capable de me remplacer auprès de ma petite Émilie. »

M. Daniel, dans sa pantomime, fit le geste d’un homme qui salue les clartés de la ville pour la dernière fois, et échangeant un signe de tête avec Cham, il reprit en ces termes :

« — Eh bien, je lui conseille de parler à Émilie ; le croirez-vous ? c’est un garçon grand comme père et mère, mais plus honteux qu’un enfant. Je suis donc forcé de parler pour lui.

« — Quoi ! lui, me répond Émilie, lui que je connais depuis si long-temps et que j’aime