Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/202

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» — Je ne vois qu’une difficulté, ma tante.

» — Voyons, quelle est-elle ?

» — Je voudrais savoir, ma tante, si, cette profession étant une profession privilégiée, il ne serait pas très dispendieux de vouloir y entrer.

» — Il en coûtera, pour vous faire admettre comme stagiaire chez un proctor, la somme de mille livres sterling (25, 000 fr.)

» — Eh bien ! ma chère tante, c’est là ce qui me préoccupe et m’inquiète, » repris-je en rapprochant ma chaise de la sienne ; « n’est-ce pas une grosse somme ? vous n’avez rien épargné pour mon éducation, et vous avez été en tout, à mon égard, aussi libérale que possible. En vérité, vous avez été la générosité même. Réfléchissez donc, ma seconde mère, si ce n’est pas trop faire que de dépenser mille livres sterling. N’y a-t-il pas d’autres carrières que je pourrais entreprendre à moins de frais et avec plus de certitude pour les résultats ? »

Ma tante finissait sa dernière rôtie de pain trempée dans le vin blanc ; ayant posé son verre sur la cheminée, elle croisa les mains contre sa robe retroussée à demi jusqu’à la ceinture pour mieux se chauffer, et me répondit gravement :

« — Trot, mon enfant, je n’ai plus d’autre