Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/236

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ponse ; « Trotwood, » me dit-elle avec un air sérieux, « je sais que vous ferez ce que j’exigerai de vous… Eh bien ! pour l’amour de moi, sortez et priez vos amis de vous reconduire… »

Elle avait raison. Je ne pouvais lui résister ; j’éprouvais déjà vaguement de la honte de moi-même, et, bégayant un adieu, je sortis à l’instant même de la loge, puis du théâtre, accompagné seulement de Steerforth qui m’aida à monter dans ma chambre. Tout en me déshabillant pour me mettre au lit : « Steerforth, » lui disais-je, « c’était Agnès, ma sœur ! »

Je ne m’endormis que d’un sommeil agité ; j’eus des rêves furieux, et je me figurais être dans une barque bercée par la tempête.

Le matin, quel réveil ! Je ne parlerai pas de mes lèvres sèches, de mon gosier brûlant et enroué, de ma langue pâteuse, du plomb fondu qui semblait couler dans la paume de mes mains ; mais pourrai-je décrire mon angoisse, mon remords, ma confusion, l’horrible doute des inconvenances que je devais avoir commises, le souvenir du regard douloureux d’Agnès ?… Et comment la retrouver pour obtenir mon pardon ? Elle était à Londres… Comment connaître sa demeure… Oh ! aspect odieux de mon appartement où l’orgie