Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/25

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

tapis du foyer à côté de ses souliers vides. Il tourna sur moi des yeux éteints qui me rappelèrent ceux d’un vieux cheval aveugle abandonné dans le cimetière de Blunderstone, et il me tendit si gauchement la main que je ne savais si je devais lui donner la mienne.

Mais assise tout près du Dr Strong, était une très jolie et jeune femme que je pris pour sa fille : elle me tira d’embarras en s’agenouillant pour mettre les souliers au Docteur et lui boutonner ses guêtres, ce qu’elle fit avec beaucoup de gentillesse et de célérité. Quand elle eut fini et que nous sortîmes avec lui pour nous rendre à la salle d’études, je fus surpris d’entendre M. Wickfield, en souhaitant le bonjour à la jeune femme, l’appeler Mrs Strong : c’était l’épouse du Docteur, ou madame Docteur Strong, comme on dirait en Allemagne.

« — À propos, Wickfield, » dit alors le Docteur, « avez-vous enfin trouvé quelque emploi convenable pour le cousin de ma femme ?

» — Pas encore, » répondit M. Wickfield.

« — Tant pis, » reprit le Dr Strong ; « car Jack Maldon est sans fortune et sans état… l’oisiveté seule suffit souvent pour conduira à mal. Vous voyez qu’il y a urgence.

« — C’est juste, » dit M. Wickfield ; « mais