Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/266

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une rêverie mélancolique, j’étais sûr de la réapparition des mêmes images et du redoublement de mon anxiété. J’en rêvais toutes les nuits ; ce devint une pensée inséparable de mon existence.

J’eus des loisirs pour nourrir mes noires réflexions, car Steerforth était à Oxford, comme il me l’écrivit, et quand je n’étais pas à l’étude de M. Spenlow je me trouvais bien seul. Je crois que j’eus, en ce temps-là, une secrète défiance de Steerforth. Je répondis affectueusement à sa lettre, mais je ne fus pas très fâché, sur le tout, qu’il ne vînt pas me rejoindre à Londres ; c’était l’effet de l’influence d’Agnès qui s’exerçait d’autant plus puissamment sur moi en l’absence de mon ami, que je ne cessais de m’occuper d’elle et de sa destinée.

Cependant, les jours et les semaines s’écoulaient. Je fus admis régulièrement à l’étude de MM. Spenlow et Jorkins. J’avais pour ma dépense annuelle quatre-vingt-dix livres sterling de ma tante, qui payait en outre mon loyer et divers autres articles de mon budget. Le bail de mon appartement devint un bail à l’année. Il me semblait un peu triste dans les longues soirées de mon isolement, mais je m’y accoutumai ainsi qu’au régime du café clair