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Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/272

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fille Dora et l’amie confidentielle de ma fille Dora. »

Cette voix était sans doute celle de M. Spenlow, mais je n’aurais pu le savoir et peu m’importait. C’en était fait, un moment avait suffi pour consommer ma destinée ; j’avais perdu ma liberté ; je devenais le captif et l’esclave de Dora Spenlow ; j’étais amoureux fou.

Dora n’était pas pour moi une mortelle, c’était une fée, une sylphide, une divinité. Je me précipitai dans l’abîme d’amour qui s’ouvrait devant moi… j’y fus englouti sans pouvoir hésiter, sans tourner la tête, sans avoir prononcé une parole.

Une autre voix, une voix trop connue, lorsqu’enfin j’eus salué et bégayé je ne sais quoi, dit : « — J’ai vu déjà autrefois M. Copperfield. »

Cette voix n’était pas celle de Dora, non, mais celle de son amie confidentielle, Miss Murdstone !

Je ne pense pas avoir été bien étonné. Je crois vraiment que la faculté de l’étonnement venait de s’éteindre en moi ; il n’existait plus rien au monde qui méritât de l’exciter, si ce n’est Dora Spenlow.

« — Comment vous portez-vous, Miss Murdstone, j’espère que votre santé est bonne ? » ré-