Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/286

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J’eus cependant encore la félicité suprême de déjeuner avec Dora et de recevoir quelques tasses de thé de sa main, suivie du plaisir mélancolique de lui ôter mon chapeau de la portière du phaéton ; car, pour nous voir partir, elle était debout sur le seuil de la porte, avec Jip dans ses bras.

Inutile de chercher à décrire ce que, ce jour-là, fut pour moi la Cour de l’Amirauté, où, en voyant sur la table la rame d’argent, emblème de sa haute juridiction, je crus y lire le nom de Dora ! Hélas ! le samedi suivant, j’avais espéré un moment que M. Spenlow m’inviterait encore à passer le dimanche à sa villa ; il me sembla, quand il partit sans moi, que je restais abandonné dans une fie déserte.

Que de rêves je fis depuis en ayant l’air d’étudier une cause intéressante, et même celles où il s’agissait de mariage, mot qui signifiait pour moi bonheur céleste, parce que j’y rattachais ma plus douce espérance. Je rapportais tout à Dora, et pour elle, pour elle seule, non pour satisfaire ma vanité personnelle, j’achetai en huit jours quatre magnifiques gilets, une douzaine de gants jaunes et trois paires de bottes si justes, que je leur dois tous les cors aux pieds que j’ai eus depuis.