Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/288

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lui donner quelques cuillerées de cardamome, avec sept gouttes d’essence de clous de girofle, ou, à défaut de cette potion, un peu d’eau-de-vie ; cette liqueur, disait-elle, n’était ni aussi efficace ni aussi agréable à son palais, cependant elle s’en contenterait à défaut de la potion. Je connaissais à peine le nom de la cardamome, mais j’avais toujours trois ou quatre bouteilles de cognac dans l’office. Je lui en versai donc un verre, qu’elle dégusta en ma présence, comme pour me prouver qu’elle ne faisait aucun mauvais usage de ce remède, et elle me dit :

« — Allons, Monsieur, courage ; je ne puis vous voir ainsi ; j’ai un cœur de mère. Je suis certaine qu’il y a une jeune dame sur le tapis.

» — Mrs Crupp… » repris-je en rougissant.

« — Oh ! mon Dieu, » dit-elle, « pourquoi se désespérer ? Si elle refuse de vous sourire, est-elle la seule au monde ? Sachez ce que vous valez.

» — Qui vous fait supposer, Mrs Crupp, qu’il y a une dame sur le tapis, pour parler comme vous ? » lui dis-je.

« — Monsieur Copperfield, » répliqua-t-elle avec un ton presque sévère, « j’ai logé et blanchi d’autres jeunes gens avant vous. Un