Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/292

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profession de marchand de lait. Le geste de l’homme eût parfaitement convenu aussi à un boucher ou un débitant d’eau-de-vie en colère.

La jeune servante, intimidée, ne savait plus que dire, lorsque le laitier, lui prenant le menton :

« — Aimez-vous le lait, ma petite ? » lui demanda-t-il.

« — Oui, je l’aime, » répondit-elle.

« — Eh bien ! » dit le laitier, « vous n’en aurez pas demain ; pas une goutte, voyez-vous ! »

Heureusement, la jeune servante était d’un âge où les menaces qui ne doivent se réaliser que demain n’effraient qu’à demi, et elle fut rassurée en voyant que le laitier, lâchant son menton, ouvrit son seau et versa la dose quotidienne de lait qu’il portait chaque matin à la famille. Cela fait, il alla devant la maison voisine répéter, sur un ton de vengeance, le cri de son métier.

« — M. Traddles demeure-t-il ici ? » demandai-je alors.

Une voix mystérieuse répondit au fond du couloir : « Oui. » Et, là-dessus, la jeune servante me dit aussi : « Oui.

» — Est-il chez lui ? »