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Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/31

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leva, et j’allais faire comme elle, M. Wickfield m’arrêta :

« — Eh bien ! voudrez-vous demeurer avec nous, Trotwood, ou vous établir ailleurs ? » me demanda-t-il.

« — Demeurer avec vous, » répondis-je sans hésiter.

« — En êtes-vous bien sûr ?

» — Si vous y consentez et si je le puis.

» — Mon cher enfant, c’est une vie bien monotone que la nôtre, j’en ai peur.

» — Pas plus monotone pour moi que pour Agnès, Monsieur.

» — Que pour Agnès ! » répéta-t-il en allant s’appuyer contre la cheminée ; « que pour Agnès ! » Et il tomba dans un monologue rêveur que je n’osai interrompre, ayant cru remarquer qu’il avait bu plus que la veille.

« — Oui, maison triste, » poursuivit M. Wickfield se parlant à lui-même plutôt qu’à moi ; « vie monotone… Mais comment me séparer d’elle ? Ah ! la pensée que je puis mourir et laisser ma fille seule… qu’elle peut mourir et me laisser seul !… pensée affreuse qui me tuerait si je ne la noyais dans… » Il n’acheva pas, et, pendant quelque temps, il cacha ses yeux sous une main ; puis, relevant la tête et m’aperce-