Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/346

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M. Omer respirait péniblement ; peu de témoins d’ailleurs d’une cérémonie qui se passa avec le plus grand calme. Après que tout fut fini, nous nous promenâmes pendant une heure encore dans le champ du repos et cueillîmes quelques jeunes feuilles printanières à l’arbre qui ombrageait la tombe de ma mère.

Je vois encore le sombre nuage qui s’étendit sur tout ce qui va suivre, le nuage qui s’abaissa lentement sur la ville où me ramenaient mes pas solitaires. Le même pressentiment m’attriste, la même terreur pèse sur moi à mesure que je m’en approche : ah ! si je pouvais, en suspendant mon récit, suspendre indéfiniment la fatale catastrophe de cette soirée dont je n’ai que trop conservé la mémoire… mais c’est en vain que ma main s’arrête et laisse tomber la plume… le passé est irrévocable : rien ne peut empêcher ce qui fut d’avoir été.

Ma vieille bonne partait pour Londres avec moi, le lendemain, pour l’affaire du testament. La petite Émilie passa la journée chez M. Omer. Il était convenu que nous nous réunirions tous les soirs à la maison-navire, où Cham reconduirait Émilie à l’heure ordinaire. Je revenais seul de Blunderstone, ayant été précédé de M. Daniel Peggoty et de sa sœur,