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Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/359

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foyer domestique où je l’avais introduit, je crois que, si je m’étais trouvé avec lui face à face, au lieu de lui adresser un amer reproche, la mémoire de mon affection m’eût arraché les larmes d’un enfant qui perd à jamais son meilleur ami. Non que ce regret pût aller jusqu’à lui pardonner ; tout en gémissant, je sentais, comme lui-même, que tout était à jamais fini entre nous !

« — Ah ! Steerforth, vous m’oubliâtes, sans doute, plus facilement ; vos remords ne durèrent pas aussi long temps que mon tendre chagrin mais, quoique ce chagrin doive encore aggraver vos torts aux pieds du trône de notre souverain juge… je n’élèverai pas, du moins, une voix accusatrice. »

La nouvelle de ce qui était arrivé se répandit bientôt dans la ville. Quand je la traversai le lendemain matin, je pus entendre que c’était le sujet de toutes les conversations qui se tenaient sur le seuil des maisons. Le plus grand nombre était sévère pour elle ; quelques-uns étaient sévères pour lui ; mais le père adoptif d’Émilie et son fiancé n’inspiraient qu’un même sentiment ; de la part de toutes les classes était exprimé pour eux un respect plein de délicatesse. Les mariniers, leurs ca-